Vania Aillon


CASA ALIANZA SUISSE et FILMAR en América Latina ont des liens étroits puisque nous collaborons depuis 2007 et œuvrons ensemble à attirer l'attention du public genevois sur le sort d'enfants victimes d’abandon social et de violences en Amérique latine.

Depuis 2017, je dirige le Festival et porte le regard sur le continent à la recherche de pépites cinématographiques montrant ce que beaucoup de jeunes enfants d’Amérique latine subissent loin de nos yeux. Je cherche des films ancrés dans les réalités sociales et politiques mettant en lumière les minorités à travers l’image. La question de l’image est donc ici primordiale.

Vous et moi visionnons des centaines d’images sur nos téléphones et, quand un malheur s’acharne sur le monde, nous pouvons suivre l’actualité au jour le jour, quasiment image par image. Cette situation a modifié notre rapport à l’image et également notre rapport à autrui. Parfois nous sommes submergés par ce qui arrive puis, l’instant d’après, une nouvelle image vient remplacer la première.

Chercher un film pour toucher un public est un exercice périlleux car les images sont puissantes et le sujet sur lequel nous travaillons sensible. J’ai dû voir des centaines de films liés à l’enfance que je n’ai pas pu programmer, parce que visionner un film prend du temps et qu’il faut préserver les spectateur·rice·s

que nous sommes. Il faut aborder les sujets sans nous y noyer, suggérer ce qui se passe plutôt que l’imposer par la cruauté des images. Réfléchir ensemble sur ce qui se joue sous nos yeux, rire, pleurer, se questionner et chercher une voie d’issue.

Chercher une voie d’issue, non pas pour fuir, mais pour continuer à vivre. Chercher une voie d’issue, car nous sommes porteur·se·s de changement et, chacun·e à notre échelle, un petit maillon de la chaîne. Une voie d’issue, pour croire que les changements sont possibles et devenir acteur·rice plutôt que rester passif·ve.

Je vous invite à penser qu’un film modifie parfois le regard sur le monde et qu’en portant des thématiques les ayant habité·e·s pendant plusieurs années, les réalisateur·rice·s de films d’auteur œuvrent pour le changement.

Les enfants ne sont pas des protagonistes ou des acteurs comme les autres. Les enfants, c'est nous, ce sont les acteur·rice·s déterminant·e·s du grand film qu’est notre vie. Ils méritent notre attention et notre respect pour leur capacité de résilience hors du commun.

Aux côtés de Casa Alianza Suisse, nous pouvons contribuer à donner et appuyer des actions déterminantes pour notre devenir, celui de réparer des êtres pour qu'ils grandissent dans les meilleures conditions possibles.

 

Vania Aillon

Directrice du festival Filmar en América latina